Nos 424 lectures - Bandes dessinées

En novembre 1933, un horrible meurtre est commis sur l'île de Pâques, alors sous domination chilienne. Alors que l'enquête piétine, le président lui-même décide d'envoyer son meilleur inspecteur : Guillermo Valverde.

A peine arrivé, celui-ci apprend par le gouverneur qu'un suspect a été arrêté. Il s'agit d'un pascuan (un habitant originaire de l'île), frappé par la folie. Mais Valverde est persuadé que l'homme est innocent et que tout cette affaire est bien plus complexe que prévu... Il plonge alors dans les relations troubles entre britanniques, établis sur l'île depuis longtemps, chiliens et autochtones et déterre des secrets que tout le monde espérait garder enfouis !

Thomas Lavachery s'inspire de l'expédition menée par son grand-père sur l'île de Pâques pour signer une BD qui jongle entre le polar et l'historique. Les dessins de Thomas Gilbert accompagne parfaitement ce récit prenant et d'une justesse étonnante !

L'heure du bilan a sonné pour Erica, loin d'être sortie indemne de son dernier affrontement. L'occasion semble toute trouvée pour se remémorer ses premières missions alors qu'elle n'était encore qu'une jeune recrue de l'ordre.

Une fois encore, Something is Killing the Children parvient à nous happer, cette fois-ci par un retour aux sources, aux origines, aux débuts d'Erica Slaughter.

Pari gagnant pour la loge du massacre !

2036, alors qu'un conflit armé oppose les îles du Nord et du Sud d'Arrecquero, Fee tente de vivre sa vie d'adolescente. Chaque jour, elle court le long du littoral dans l'espoir d'apercevoir le navire de sa mère, amirale partie au combat. S’entraînant afin de participer à la fête du sport organisée lors de la trêve des Jeux Mondiaux, la joie laisse rapidement place à l'horreur de la guerre.

Run to heaven est une oeuvre puissante et qui ne laisse pas indifférent(e). On se retrouve rapidement à dévorer ces deux premiers tomes et à attendre la suite avec impatience !

Pas mal non ? C'est français.

Ils sont toujours dix. Dix personnes enfermées cette fois dans une maison au bord de la mer et dont la chance est de survivre à la fin du monde. Mais cette fois, ils savent qu'ils sont là pour incarner le meilleur de l'humanité et espérer accéder à l'immortalité...

Ce qu'ils ne savaient pas, en revanche, est qu''ils n'étaient pas les seuls à participer à l'expérience. Comment faire, alors, pour être sûr de gagner la mise ? A partir de là, tous les coups bas sont permis... 

On attendait avec impatience ce nouveau cycle (et suite de The nice house on the lake) et nous ne sommes pas déçus. Le suspens est toujours là et les cartes sont totalement rabattues avec ce nouveau tome ! 

Un régal ! 

Fauve de la série 2024

Prenant place dans une ville américaine de la fin des années 90, rouillée et appauvrie, victime de la mondialisation et de la désindustrialisation, Rust River City raconte les aventures de Dean, veuf, vétéran du Vietnam, et de ses fils, outsiders parmi les outsiders, en quête d'une vie décente malgré le chômage, la violence et la misère qui guettent. Derrière ce tableau assez classique, c'est dans un univers complétement déjanté, paranoïaque et loufoque que nous entraine Joe Daly, auteur et dessinateur sud-africain, auparavant à l'origine des géniaux et hilarant The Red Monkey et Dungeon Quest (à lire absolument). Mêlant chronique social, fable fantastique, récit apocalyptique, psychédélique, ce roman graphique publié chez L'Association ravira les amateurs de BD indé et les esprits tordus...

Emilie Gleason a fait une entrée fracassante dans le monde de la BD en 2018 en publiant Ted drôle de coco (Atrabile). Nous découvrions alors son dessin ultra coloré, élastique, dynamique, fantasque et si original. Et nous plongions dans le quotidien d'un jeune homme autiste asperger, très très inspiré de la vie de son frère.
Une lecture marquante et épatante, qui nous a conquis et qui a remporté en toute logique le prix Révélation au festival d'Angoulême suivant. L'autrice a publié ensuite plusieurs BD et albums jeunesse, son style s'affirmant, les thèmes divergeant.

Quelle ne fut pas notre joie de voir paraître sept ans plus tard Les Gugusse en vacances ! Retour à l'autofiction, cette fois-ci c'est la sœur, c'est elle, le personnage principal. Dès les premières pages nous sommes emportés dans le tourbillon de la vie sens dessus dessous de la famille Gugusse qui traverse l'Atlantique pour le mariage d'une cousine dans le Yocalme. Et au milieu de toute cette fantaisie et de ce dessin qui déménage on entend la voix et l'angoisse de celle qui tient debout et droite, pour ne pas déranger, pour incarner la fiabilité, la stabilité, dans une famille qui va trop vite pour elle.

Le dessin d'Emilie Gleason est de plus en plus inventif, sa façon d'aborder des sujets forts et chargés, épatante. Bravo.

Une équipe de quatre braqueurs, dont un nouveau gars, le chauffeur. Un casse. Tout se passe au poil mais au moment de partager le butin, le nouveau fait basculer l'histoire et Parker est obligé de fuir, pour mieux tenter ensuite de remettre la main sur le type et surtout sur sa part du gâteau.
Quand l'enquêteur n'est pas policier mais du côté des malfrats, il a les mêmes armes qu'eux et les mêmes réflexes, ça donne une longueur d'avance sur la flicaille mais ça rajoute pas mal d'embûches.

Une chasse à l'homme à cent à l'heure, un scénario parfait (car derrière le pseudonyme du créateur du personnage de Parker se cache Donald Westlake), très bien adapté par Doug Headline et superbement mis en dessin par Kieran, Parker La Proie est LE polar de ce printemps !

Jefferson, fringant hérisson discret et sans histoires, est accusé du meurtre de monsieur Edgar, le coiffeur, à cause d'un malheureux concours de circonstances prêtant à confusion.
Une seule façon d’être innocenté : trouver le vrai tueur. Voici notre héros embarqué bien malgré lui dans une enquête trépidante, assisté de son fidèle ami Gilbert.

Du suspense et une grosse dose d'amitié et de solidarité : cette bande dessinée ravira tous les lecteurs de 10 ans !

Holly et Molly sont soeurs. Elles vivent, avec leur mère, dans un monde où la magie, autrefois puissante, a été remplacée par les inventions pratiques et techniques de l'Antiquaire.

Un jour, Molly, la cadette, se retrouve en possession d'un tarot magique. Tarot qui lui révèle qu'elle a des dispositions pour la magie et qu'un grand destin l'attend. Mais voilà, ce fameux tarot est convoité par d'autres, bien plus puissants que Molly et Holly. 

Accompagnées de Shun, qui cherche à sauver sa sœur, elles se retrouvent embarquées dans une aventure hors du commun ! 

Un dessin très doux pour une histoire pleine de folie et d'aventures ! 

Revoilà Détective Kahn ! Toujours là pour s'occuper des affaires que les adultes n'arrivent pas à résoudre, aidé de son fidèle Nibalius ! Dans cette aventure, qui se lit par petits bouts ou tout d'un coup, il mène l'enquête pour élucider le mystère des Super-balles et de la terrible entreprise des Blancs-Becs à l'origine de bien des entourloupes et coups fourrés.
Un bonheur de lecture, tout droit venu de Corée du Sud, à lire seul à partir de 9 ans et à partager avec toute la famille !

Torao est un lycéen avec un sens aiguë de la justice ce qui l'amène à se battre souvent, très souvent. Mais son principal problème est qu'il ne sait pas communiquer avec les autres. Incompris et seul, il va un jour découvrir un moyen de s'exprimer : le piano.

Graphiquement magnifique, Rhapsody in Red nous rappelle par moment le film Whiplash, troquant cette fois-ci la batterie pour le piano.

Palpitant, touchant, enivrant, ce premier tome est déjà la promesse d'un superbe récital !

"Les Sabres sont fait pour ceux qui désirent éradiquer le mal et protéger les plus faibles."
Chihiro, aspirant forgeron, apprend les techniques du métier de son illustre paternel. Tout semble parfait, jusqu'à ce qu'une tragédie vienne chambouler le quotidien de l'apprenti.
Afin de se venger, Chihiro devra dégainer son sabre imprégné de la magie mystérieuse qui attire tant de convoitise.

Entre technique de sabre spectaculaire et humour décalé, occulte et tradition, Kagurabachi propose de magnifiques dessins et promet une suite plus qu'explosive ! 

Renaud, futur libraire manga.

Nahal est une jeune salamandre qui ne sait pas pêcher. Et elle compte bien sur l'aide de Loun pour remédier à cela.

Mais, le jour où elle offense le Dieu-Poisson, les choses se corsent. Pour apaiser le courroux du dieu, Nahal doit lui ramener un espadon royal. Mais comment faire lorsqu'on ne sait pas pêcher ? Bon gré mal gré, Loun accepte de l'accompagner et de l'aider !

Une histoire d'amitié tendre et drôle servie par un dessin tout en douceur. On ne peut qu'attendre la suite avec impatience !

La rumeur dit que le train noir est de retour aux abords de la ville et qu'il vient chercher des prisonniers. Charlie, la meilleure amie de Bonnie, n'y croit pas. 

Mais un soir, tous les enfants sortent de leurs lits, comme hypnotisés et se rendent vers une destination inconnue. Bonnie, qui semble immunisée, les suit et tombe nez à nez avec le fameux train noir... Comment réussir à sauver tout le monde ?

Heureusement, aidée de Kaspar, un garçon transformé en chat, Bonnie part à la rescousse de ses amis !

Une aventure drôle et pleine de rebondissements pour ceux et celles qui n'ont pas froid aux yeux !

On connaissait surtout de Bryan Talbot les géniales aventures du détective-blaireau LeBrock dans la non moins géniale série Grandville.

L'histoire d'un vilain rat traite d'un tout autre sujet, bien plus ancré dans le réel. Nous y suivons les aventures et mésaventures de la jeune Helen, qui, victime d'abus sexuels incestueux, a fugué et erre dans le Londres des années 90. Sa fuite la mènera vers le Yorkshire sur les traces de son héroïne Beatrix Potter et sur la voie de la guérison.

 Un récit qui nous happe dès les premières pages, très fort, et très juste. Une oeuvre majeure d'un auteur essentiel de la bande dessinée britannique.

Nous sommes en 2046. La France, régie par un régime religieux et policier, est régulièrement en proie à de nombreuses catastrophes climatiques. Les tensions entre les populations sont à leur comble. Au milieu de tout cela, Marie, vient d'envoyer deux auteurs de bandes dessinés, genre presque éteint, en Antarctique. Leur but: tenir un journal de leur périple et tenter de garder intacte la mémoire de l'Inlandsis, cette grande étendue de glace qui recouvre le continent. Dans le même temps, Marie, après une chute, apprend qu'elle a perdu sa mémoire immédiate et se voit obligée, à son tour, de consigner ses journées par écrit.

Dans cette dystopie savamment construite et dessinée, Benjamin Adam interroge notre rapport à la mémoire et par cela notre rapport à l'humanité. Faut-il continuer à tenter d'analyser le passé, et pourquoi ? Comment notre rapport à la nature influe notre rapport à l'autre ? Et comment réagir lorsque le pire est en cours ?

Un récit intelligemment construit et extrêmement important ! 

Dans sa chambre de love hotel, "Minato" vient de se faire voler son argent par son coup d'un soir. Mais cette mésaventure lui a probablement sauvé la vie car dehors, le Japon subit une invasion de zombies d'une violence extrême.
Pour l'instant à l'abri, le jeune homme parviendra-t-il à s'en sortir ? Mais surtout, trouvera-t-il la volonté de vivre malgré sa culpabilité due à un sombre passé ?

Immortalité et châtiment reprend la trame connue de l'apocalypse zombie mais le fait avec brio. Froid, violent, cru, les pages se dévorent d'un appétit vorace et insatiable !

Maria et Andreï Siniavski sont les babouchka et dedouchka, grand-mère et grand-père, d'Emma Siniavski, qui nous offre une BD passionnante sur la vie de ses aïeux.

Andreï est décédé quelques mois avant sa naissance mais par les récits de sa grand-mère et de son père Iegor Gran, et en découvrant les trésors cachés dans le pavillon de Fontenay-aux-Roses dans lequel ils ont emménagé en fuyant l'URSS en 1973, Emma Siniavski dresse un portrait intime du grand écrivain et survivant du goulag, du couple héroïque et poétique qui a traversé le XXe siècle avec intelligence et malice.

Un délice de lecture, servi par un dessin étonnant et plein de fantaisie.

Annick Cojean, journaliste, a reçu le prix Albert Londres pour une série de cinq articles, parue en 1995 dans le journal Le Monde. Cette bande dessinée les illustre et les résume.

En 1995, 50 ans après la libération des camps, Annick Cojean a enquêté sur les survivants de la Shoah, est allé à leur rencontre ainsi qu'à celle de leurs enfants. Puis elle a rencontré des enfants de nazis. Elle a découvert comment la mémoire se transmettait alors, l'existence de groupes de paroles, de travaux de grandes universités américaines sur toutes les conséquences de l'horreur nazie.

Outre le fait que ce récit est, 30 ans plus tard, toujours aussi puissant et émouvant, il est essentiel de le relire aujourd'hui. De le transmettre encore.

"Plus jamais ça", disait-on.