Nos 390 lectures - Littérature française

Avec Les contes suspendus, Guillaume Chamanadjian clôture magnifiquement la trilogie Capitale du Sud dans un jeu où l'Imaginaire devient le ressort de l'action.
Exilés de la cité, nos héros Nox et Symètre créent à la Tour de Garde une société utopique où l'on rejoint également les héros de la trilogie Capitale du Nord écrite en parallèle par Claire Duvivier.

De quoi nous remplir d'impatience pour la fin de ce projet à deux voix constituant le cycle de "la Tour de Garde" qui s'achèvera en Octobre 2023 par le dernier tome de Capitale du Nord.

Un traqueur sachant traquer ne doit pas se tromper de gibier, au risque d'y laisser des plumes....

Ajoutez à cela la musique de la langue canadienne et vous avez là un magnifique hymne à la nature, ainsi qu'un cri du coeur contre les aberrations politiques en matière d'écologie.

Dépaysement garanti !

Un livre magnifique, poétique et sensible !

Marco Matarella, Italien transplanté sur le plateau de Brie, découvre (et nous entraine à sa suite) la grandeur et la beauté de cette région (qui est pourtant très loin de la douceur méditerranéenne)... grâce à ses promenades curieuses dans les villages perdus- aux rencontre inattendues qu'il y fait - et à son attention toute particulière aux jardins, arbres, fleurs... Un livre de l'infra-ordinaire rural, magique.

Quelle odyssée ! Grâce au coaching et à la psychologie positive, Victor va peut-être connaître la réussite sociale et professionnelle... A quel prix ?

Un roman aussi drôle qu'inquiétant sur les dérives de nos sociétés.

De ce récit, l'on retiendra d'abord la singularité d'une écriture, fluide et distanciée, fine et pondérée, mais aussi vibrante d'une émotion retenue. La narratrice, voyageuse et enquêtrice, retrace dans le même temps la trajectoire d'un père inconnu, et l'histoire du nucléaire civil à laquelle celle-ci se rattache. Autour des jalons qu'elle pose de façon objective et rigoureuse, Rinny Gremaud tisse les représentations qui émergent plus spontanément de son imaginaire, qu'elles soient personnelles ou partagées ; elle accorde ainsi une vie littéraire au père absent, et réinvente de belle façon ses origines.

Il n’y aura pas de sang versé : à rebours de toute représentation épique de la grève, Maryline Desbiolles fonde le soulèvement de ces premières grévistes dans le sang qu’elles ont déjà versé en silence, de façons diverses, dans leur vie de femme. L’image anachronique de la course de relais restitue la naissance de leur révolte : l’une à la suite de l’autre, puis en bande, les ouvrières s’élancent, à l’encontre du patronat et du patriarcat. L’écriture court aussi, prodigue de ces mots qui leur manquent, à leurs côtés ; et nous, lectrices et lecteurs, émus par leur histoire, inspirés par leur audace, sommes entraînés dans leur sillage.

C’est avec une ardeur renouvelée que La Petite Beune conduit à son terme la quête érotique demeurée en suspens dans La Grande Beune. Mais le diptyque ainsi constitué fait surtout ressortir plusieurs motifs : l’ancrage géographique et préhistorique ; le mélange du sacré et du grotesque ; la disjonction du féminin et du masculin ; la dimension rituelle de l’écriture. Dans l’écart entre les deux Beune, dans l’infléchissement de l’une vers l’autre, la prose immense de Pierre Michon trace ainsi le mythogramme du désir primordial.

L’on reconnaîtra avec bonheur, dans ce bref inédit, la prose de Julien Gracq, son cheminement descriptif vers l’altérité d’un paysage ; ici, il s’agit d’un « lieu de malencontre », dont le pouvoir de répulsion comme de suggestion constitue l’énigme. Le narrateur, contrarié et captivé à la fois, évolue ainsi vers la maison, en quête du point de bascule entre le réel et le merveilleux, la désolation et le surgissement. L’écriture est tendue, vibrante ; l’apparition finale est une fulguration, un jaillissement, une évidence.

L'obsession pour une ancêtre inconnue mais à qui on se sent pourtant lié constitue la trame de ce beau roman. La narratrice y utilise les mots comme des outils, elle fouille, dépoussière et décortique le lien de filiation, et tente de se comprendre un peu mieux en route.

A travers le parcours de Soizic, jeune femme un peu paumée et sacrément attachante, Camille Goudeau nous offre un roman autour de l'univers et du quotidien des bouquinistes des quais de Seine !

Révélé au public avec son fantastique Le jour des corneilles (Phébus libretto), Jean-François Beauchemin nous livre ici un récit poignant et poétique : un vieil écrivain québécois nous fait part de sa poétique du quotidien... sauf qu'un élément important vient troubler le bel ordonnancement de cette vie harmonieuse : il doit veiller sur son frère, vivant au village et atteint de graves troubles psychiatriques que seuls les animaux apaisent. L'histoire de cette relation fraternelle est bouleversante.

De chapitre en chapitre, on suit les bouts de vie de divers personnages ; qui tous ont en commun de rendre visite à un proche hospitalisé en hôpital psychiatrique.

Ils s'avancent sur l'allée de gravier, la mère qui espère pouvoir parler à sa fille qui a été mise à l'isolement après une crise particulièrement violente, le père qui reste persuadé qu'il va rapidement tirer son fils de là...

Un kaléidoscopes d'émotions très fortes, où la tristesse et l'angoisse ne sont jamais plus fortes que l'amour !!

Roman de nos abus et de nos excès, Client mystère pourrait être la simple perdition d'un jeune homme dans les métiers les plus en vogue, de la livraison aux applications smartphones... C'est surtout une immense satyre de nos modes de consommation, particulièrement réussie !

Une bien belle aventure à la recherche de nos rêves disparus !

Drôle et joueuse, inventive et poétique, voici une jolie incursion dans le roman pour la voyageuse Marianne Rotig !

Récit d'une immigration portugaise en France dans les années 1960, Fernanda va vous séduire par son rythme et ses références, sa drôlerie et sa possible véracité !

Une pépite enrichissante ! Le projet mégalo de l'assèchement de la mer d'Aral sur ordre de Staline est parfaitement rendu. En ces temps de folie destructrice venue de Moscou, voici une bien drôle de lecture qui nous secoue !

La ferme, huis clos des violences conjugales ; la force des attaches rurales ; la chape de silence qui écrase le corps féminin : il est question de tout cela dans Les Sources, mais aussi du ressort de la volonté, des souvenirs qui s’imposent et de la vie qui s’invente. L’écriture remarquable de Marie-Hélène Lafon gravite autour de l’indicible, dévoile et préserve tout à la fois la complexité insondable des êtres. Le lecteur, quant à lui, est happé dans l’aspiration des flux de pensée des personnages, bouleversé par les revirements de la narration ; le livre achevé, il demeure habité, pour longtemps.

De sa rencontre impromptue avec une thanatopractrice, notre Amandine Dhée préférée (autrice du génial La femme brouillon, du formidable A mains nues) , tire un livre qui parle de la mort, en restant résolument ancré dans la vie.

On adore !!

Un sujet délicat et source de souffrance.
Ce livre est pourtant une explosion d'amour au sein de la famille, avec des réflexions qui sonnent juste sur l'adolescence et la sororité.

Un livre lumineux !