Nos 522 lectures - Littérature française

C'est le quotidien, au plus près du vécu de la jeune narratrice. C'est un quotidien un peu spécial, un entourage particulier. C'est une première hospitalisation en clinique psychiatrique.
Les fragilités mentales sont exposées à nu, c'est-à-dire à vif. On traverse des moments de légèreté, de communion, et même de drôlerie extrême parfois... Et puis toujours le retour brutal à la réalité, à la froideur du cadre soignant, à l'intensité de la souffrance, dans une construction romanesque poignante.
Sous la plume d'Alice Botelho, le langage se morcèle et se diffracte sans rien perdre de son acuité, au contraire. Plus le réel devient flou, perturbé par les sensations internes (l'angoisse) ou les signaux externes (le regard d'un autre patient, les mots d'un infirmier), plus l'écriture semble lumineuse.
C'est un vrai tour de force, qui surgit d'un puits de faiblesses.
C'est un premier roman. C'est un immense coup de cœur !

Trois histoires. Trois duos. Un seul endroit. Dans la vallée de la Vézère, cœur de l'art pariétal, on suit Clémence et son fils Tom qui échappent à un père violent, Guilhem et Marion qui tombent amoureux à un mariage et Fabien et Johanna, père et fille, qui découvrent une grotte apparemment jamais explorée.

Renaud de Chaumaray construit un récit où des destins différents se percutent et s'entremêlent donnant presque à lire un roman policier. Mais plus que cela, il s'agit d'une histoire sur l'importance des rapports humains, l'importance du passé dans la construction du présent et l'importance de la beauté !

Un très beau livre !

Un livre qui serre la gorge. On écoute un vieil homme raconter sa vie comme on écoute l'histoire se dire. C'est Gaza, c'est la guerre, c'est la perte...mais c'est aussi l'obstination des mots à tenir debout quand tout s'écroule. Benzine écrit avec une justesse rare et une élégance sans pose. On en sort bouleversé, et convaincu que lire peut être une forme résistance. 

Ce livre parle d'un accident, mais pas seulement : c'est une enquête sur ce que cet évènement révèle de nos quartiers, de la société qui change, de la mémoire que l'on porte. Entre une mère lumineuse, un fils en quête et un motard, deux destins qui se rencontrent dans le drame, Gasnier tisse un récit pudique, politique et capable de faire entendre les silences sans jamais chercher à les remplir de colère gratuite. Une voix nouvelle qui ne fuit pas le réel, et une écriture assez belle pour que l'on ressente, page après page, le poids du deuil autant que l'amour porté à ce que l'on perd.

Ce premier roman est une blessure qu'on lit à vif. Rebeka Warrior ne raconte pas seulement la maladie, le combat contre le cancer de sa compagne Pauline, ni juste la perte : elle plonge dans ce qui reste quand tout bascule : le silence et la douleur, l'aidance épuisante, les doutes, la culpabilité, la colère, les excès. Elle le fait avec une façon de tendre des mots comme des cordes, parfois douloureuses : une écriture virtuose où sa voix musicale se mêle une introspection littéraire profonde. On sent ses influences, ses références (Simone de Beauvoir, Hervé Guibert...) et les fait vibrer à sa manière. On ressort du livre lessivé et incapable d'oublier Pauline. L'écrivaine est portée par cette idée que l'écriture peut sauver, non pas de l'oubli, mais du silence. 

Kaouther Adimi fait dialoguer la peinture lumineuse de Baya et la noirceur de son enfance en Algérie pendant les années 90. D'un côté, l'artiste qu'on a voulu réduire à une figure naïve ; de l'autre, une fillette confrontée à la peur, aux faux barrages et au silence imposé par le terrorisme islamiste. Ce double récit, intime et collectif, esquisse le portrait d'un pays meurtri, mais aussi la puissance de la création comme résistance. Un texte d'une grande force, lucide et poétique.  

C'est une lettre, c'est un cri. Une femme s'adresse à l'homme qui n'a jamais eu le courage de l'aimer au grand jour. L'écriture est frontale et pleine d'une colère qui brûle. On le lit d'une traite, le cœur serré entre désir et dévastation. Une voix forte, une langue qui claque : une passion sans fard et sans issue.

Si vous cherchez un livre drôle, très bien écrit, et qui ne relève PAS de l'autofiction ni du récit familial, il faut lire Elisabeth Lima ! Cette délicieuse satire du milieu littéraire se lit d'une traite, et elle est réjouissante : les trois protagonistes sont espiègles, le style est recherché et élégamment humoristique, l'atmosphère n'est pas sans rappeler Grand Budapest Hôtel ou Amélie Poulain...

Une enquête littéraire sur les traces de Christine Pawlowska, écrivaine flamboyante au destin tragique, dont l’œuvre tomba trop tôt dans l'oubli à l'image de Sylvia Plath ou Hélène Bessette.

C'est par hasard que Pierre Boisson lit ce texte unique paru sous l'intrigant titre d'Ecarlate : un choc littéraire qui le décidera à replonger dans la vie singulière et chaotique de Christine Pawlowska, une femme marquée par la période de mai 68 et un terrible secret de famille...

Années 50. Une femme disparaît, quittant mari et enfants. Des années plus tard, l'autrice revisite les lieux de sa jeunesse, en quête de traces laissées par sa mère, et propose trois versions possibles de sa fugue. À la frontière entre fabrique des souvenirs et réalité supposée, la littérature - toujours - agit comme gardienne de la mémoire silencieuse.

Que feriez-vous si les étoiles disparaissaient soudainement du ciel ? Comme un Petit prince des temps modernes, le narrateur de ce premier roman s'aventure hors de sa zone de confort pour tenter de percer le mystère de ce nouveau ciel sans lumière..
Un récit profondément sensible et poétique sur la condition humaine.

Plongez dans les archives d'un naufrage qui n'aurait pas dû avoir lieu avec la géniale Marie Richeux ! Ici, ce n'est pas la résolution de l'énigme familiale qui prime mais bien la manière dont ceux qui restent tentent de vivre avec leur drame.

Qui mieux que la littérature pour dire ces disparitions qui continue de hanter la mémoire sur plusieurs générations ? 

Entre les inquiétudes de son père et les absences de sa grand-mère, la jeune Malu lutte pour sauver son monde : celui de la ferme familiale et de la liberté de l'enfance. Une héroïne à fleur de peau qui se bat, à sa façon, pour préserver la mémoire et la terre de ses ancêtres, malgré le silence et les orages.

Un premier roman sensible et puissant où la brutalité de la nature se mêle à la vulnérabilité de la vie, où la fin de l'enfance résonne avec celle d'un certain monde rural.

Echappant à toutes les apories du genre (roman familial), Mauvignier signe-là, avec Sa maison vide (ed Minuit), un très très grand roman.

Cherchant la clef du suicide de son père dans l'histoire familiale, Mauvignier fait ici le pari non pas du déterminisme psychologique mais celui de la littérature... celle-ci, à l'image de son roman, possède la puissance de transfigurer le temps et la vie des hommes.

Une atmosphère folle, une langue savoureuse et une intrigue parfaitement ficelée, avec Mabanckou on ne s'ennuie jamais ! Entre le Congo et la France, on suit les aventures d'un écrivain en herbe, ses amours, son amitié avec son "frère" Benoît, et les circonstances qui le conduisent auprès du mystérieux, tout-puissant Ramsès... Génial ! Un grand plaisir de lecture :)

On prend toujours un malin plaisir à lire l'espiègle mais non moins lucide Aurélien Bellanger ! Il revisite ici le roman d'apprentissage balzacien pour tourner en ridicule l'intelligentsia en décadence, celle qui multiplient les intrigues et les dîners en ville pour imposer coûte que coûte ses opinions. (Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants NE pourrait être le fruit d'une coïncidence...)

Sous la chaleur écrasante du mois d'août, une femme s'ennuie, lasse de sa vie de famille, jusqu'à l'arrivée d'un couple d'amis qui sonne le réveil d'anciennes rancœurs. Un huis clos plein de torpeur sur l'hypocrisie des relations humaines, sur le point d'éclater comme l'orage qui gronde au loin.

Dans une langue épurée, minimale, Sophie Lasserre taille en quelques pages un roman d'atmosphère, intimiste et caniculaire : idéal pour la saison !

Ça commence avec une histoire d'amour, ça se transforme en enquête scientifique, et ça forme un tout fascinant et tendre à la fois, comme un nuage.
Mathieu Simonet raconte les souvenirs avec son compagnon disparu en puisant dans sa passion pour les prévisions météorologiques : une aventure poétique et politique sur les traces des cumulus et autres stratus.

Une très belle lecture que nous vous invitons à découvrir à l'occasion de la magnifique exposition autour du ciel et des nuages, qui se tiendra tout l'été chez Atout Livre !

La longe, c'est le lien qui empêche de sombrer totalement,
c'est le cordon ombilical qui relie toute cette famille meurtrie à l'amour pudique et profond.

Un roman puissant où les mots sont réconfort.

Un homme, ancien professeur de création littéraire, passe une retraite paisible avec sa femme.Jusqu'au soir fatidique d'une agression qui ouvrira une boite de Pandore et révélera différents aspects de leurs personnalités.

Avec un style intéressant qui mêle les deux protagonistes, l'auteur nous plonge dans une histoire ordinaire qui prend un virage glaçant

Une nouvelle facette de la littérature québécoise à découvrir