Nos 3077 lectures

L'écrivaine et la narratrice captent la solitude : Paris la nuit, elle marche pour ne pas s'effondrer, un studio trop silencieux, la mère qui répète "marie-toi", la mélancolie qui colle à la peau et les hommes croisés comme des ombres. 

Est-il un domaine où Victor Hugo n'ait pas fait la démonstration de sa colossale force créatrice ? Parmi les facettes les plus méconnues de son génie, qu'il n'entretenait que pour lui-même et ses proches : la décoration des différents logements qu'il a occupés au cours de sa vie.
Chargés de symboles et de souvenirs, de références à son œuvre et à sa philosophie, les décors de Victor Hugo sont l'expression de son inventivité débordante et, de même que ses livres, nous frappent par un foisonnant mélange de styles : des boiseries chinoises jouxtent ainsi des panneaux gothiques tandis que des tapisseries flamandes ou des tapis turcs voisinent avec des carreaux de Delft et des porcelaines japonaises. Hugo invente ses propres meubles, qu'il incruste de caractères sibyllins, bâtit des cheminées comme des cathédrales, utilise des services entiers de porcelaines comme matière décorative, et va jusqu'à totalement aménager sa maison de Guernesey, Hauteville Housse, son chef-d’œuvre en la matière, ainsi qu'une grande part de la maison adjacente, Hauteville II, où loge nul autre que... Juliette Drouet, qui l'a accompagné dans son exil.
Un ouvrage somptueux, richement illustré, qui réjouira les amoureux de Victor Hugo tout autant que les amateurs de design et de décoration d'intérieur.

Quand une reprise est réussie, il faut le dire ! Tout d’abord, le dessin de Conrad est magnifique, digne d’Uderzo, tant dans les expressions, les détails du décors ou l’encrage.
Ensuite, le scénario de Fabcaro est malin et il fait mouche, cette foi-ci. Dans l’esprit d’un Astérix en Corse, l’aventure locale est savoureuse et pittoresque. On apprend au passage deux ou trois choses et franchement, on rigole bien !

Que demander de plus ?

Voici un spin-off savoureux : l’histoire de Weekly, le fidèle compagnon de Blacksad.

Non seulement le dessin et les couleurs de Giovanni Rigano sont magnifiques, mais le scénario de Canales est vraiment bien trouvé : quoi de mieux que la censure de l’éditeur EC Comics et l’apparition du Comics Code Autority pour déclencher la fibre journalistique de notre renard fouinard ?

Un vrai plaisir de lecture, à la fois pour les amateurs de Blacksad, mais également pour les néophytes.

Dans un style d'une simplicité et un charme sublimes, Kaouther Adimi nous fait plonger dans l’Algérie coloniale et dresse le portrait d'Edmond Charlot, premier homme à avoir publié Camus, ainsi que sa librairie_maison d'édition à Alger, Les vraies richesses. Un roman ou on voyage de d'une époque à une autre, entremêlant les voix et trajectoires de chacun, par le prisme de notre rapport à la littérature et aux mots.

Loumi et son petit frère sont en vacances chez leur tonton, cet éternel adolescent...ensemble, ils auront un éveil de conscience quant à l'état de notre planète et découvriront que l'on ne sait pas toujours comment est traitée la nature avant qu'elle n’arrive dans notre assiette. On rigole (beaucoup), on apprend et on passe à l'action !

Ceci n'est n'est ni une enquête sociologique, ni une étude anthropologique. Simplement, un jeune écrivain français installé au Japon nous raconte à travers une plume où se mêlent poésie et introspections philosophiques, son quotidien universitaire, sa vie souterraine après minuit, une amie alcoolique dissertant sur Deleuze cigarette à la main, un ami japonais amoureux de linguistique française. On y trouve des fragments de vie et leur absurdité...hymne au pays d'accueil et au temps qui passe. 

C'est Lachenal sans la légende : un gamin des Alpes qui grimpe toujours plus haut jusqu'à toucher L'Himalaya pour comprendre le prix réel de l'altitude. Pas d’héroïsme forcé, juste un homme face au froid, à la peur et au bonheur fou d'avancer. Ce texte dit l'aventure comme elle est : belle, dangereuse, et parfois trop grande pour nous. 

Plus qu'un récit de montagne, Démontagner (descendre les troupeaux depuis les pâturages d'altitude) est le journal de bord d'un arpenteur des cimes, amoureux des bêtes, une plongée au cœur du pastoralisme moderne. Maxime Cain, auteur, dessinateur, et berger, nous offre un album au noir et blanc superbe, un récit sans filtre, honnête et authentique, souvent drôle et touchant. A lire absolument !

Faisant référence aux parutions des daily papers des années 50 (notamment à Rip Kirby d’Alex Raymond) tant par la forme (strips en 3 bande et topper) que par le fond, l’album nous plonge dans une histoire d’espionnage à New York en 1959.

L’héroïne Tabatha (inspirée d’Audrey Hepburn) s’éveille amnésique dans son appartement de collocation et ses quelques bribes de souvenirs proviennent de 2025 ! Avec l’aide de Gwen et Erika, le trio féminin tiendra tête à la CIA, aux services secrets russes, aux complotistes nazis et à leur imprésario !

Un one shot bien ficelé par Trondheim et bien dessiné par Biancarelli: on ne boude pas son plaisir !

Will McPhail nous avait enchanté avec Au-dedans, son premier récit intimiste et très original. 

L'amour et la vermine, son nouveau recueil est une compilation de dessins publiés dans The New Yorker. On ne peut pas ne pas penser à Sempé, Voutch ou encore Bill Watterson. En un seul dessin et une légende, il nous fait rire aux éclats tout en pointant du doigts les petits travers de la société. Son trait fin et délicat parachève cette sensation de décalage qui donne un ton si drôle à l'ensemble.

Un petit bijou d'humour nécessaire pour passer l'hiver !

Bruce Wayne ne part de rien. Il n'est pas le descendant d'un riche empire de Gotham City, il est le fils d'un enseignant abattu lors d'une fusillade lorsqu'il était enfant.
Sans ressources illimités, sans manoir ni majordome, Bruce est devenu un Batman d'un genre bien différent. Plus violent et musclé tout en restant cérébral, vivant des les quartiers défavorisés, de Gotham, Batman fait des débuts fracassants lors de l'apparition de Black Mask en ville.

Absolute Batman nous prend à contre-pied. Pas de milliardaire, pas de Bruce Wayne qui fréquente la haute société, non. Ses amis sont d'ailleurs Nigma, Cobblepot, Waylon et Dent, quatre personnages habituellement méchants dans l'univers de l'homme Chauve souris. C'est un Batman plus brutal qui nous est présenté ici, plus violent mais toujours brillant et réfléchi. Un début particulièrement prometteur que nous offrent Scott Snyder et Nick Dragotta !

Quel choc ! Le travail d'une vie, une quête existentielle, une revanche sur l'Histoire, une petite fille qui veut rendre fière ses ancêtres : c'est tout cela et bien plus encore que l'on trouve dans Odyssée de la Vénus noire et autres poèmes.

Robin Coste Lewis a collecté dans une centaine de musées à travers le monde les titres d'oeuvres d'art et d'artisanat ayant pour particularité de représenter une ou plusieurs femmes noires. Et elle en a fait un long poème, un chant puissant et lancinant. Une poésie dure, violente, révélatrice, qui nous met face à l'Histoire, à ses horreurs et nous embarque pour une traversée de plusieurs siècles. C'est aussi sublime et sensible, une lecture indispensable. 

Le livre parfait pour se mettre dans l'ambiance des fêtes de fin d'année : le narrateur, jeune homme amoureux, va passer Noël avec la famille de sa fiancée dans un hameau isolé, enseveli sous la neige. Au fil des journées et des repas bien arrosés, se révèlent sous les silences, la violence ordinaire, les non-dits et la dure vie à la ferme... mais aussi l'amour et la joie d'être ensemble.

La langue riche et créative du poète québécois Michel Garneau, brosse le portrait à la fois brut et nostalgique des traditions familiales, de ces liens qui nous unissent autant qu'ils nous séparent. Un petit bijou !

Quelle douceur et quelle justesse pour cet album écrit à quatre mains. Lors d'une nuit de confession, une mère révèle à sa fille un heureux secret et lui livre, en détail, le récit d'une aventure dont sa fille ne l'aurait jamais pensé capable. C'est avec une douce mélancolie et une grande liberté que Lola Lafon et Pénélope Bagieu abordent les thèmes de la maternité, des possibles, des chemins non empruntés. Un récit d'une grande tendresse.

Il n'y a rien de plus romanesque que des shérifs contre des bandits ! Ajoutez à cela la sensibilité de notre héros, sa capacité à voir les fantômes et la bravoure d'un petit poney et vous aurez un véritable coup de cœur ! 

Avec cette enquête, Harald Jähner fait un pari (réussi) : dénouer les fils qui conduiront les nazis au pouvoir en 1933 par le prisme de l'histoire culturelle allemande sous la République de Weimar. Architecture, mode, culture physique, alpinisme, automobile, cinéma... le foisonnement moderne (et antimoderne) pendant cette période permet d'incarner "l'ivresse des sommets" (et des abîmes) qui s'est emparée de l'Allemagne dans ces années-là... La question politique est pour ainsi dire la toile de fond de ce livre passionnant.

De par son ancrage dans la culture occidentale, le chef-d’œuvre du barde toscan a toujours constitué une source d'inspiration inépuisable pour les peintres, graveurs et autres artistes, de Michel-Ange à Gérard Garouste en passant par William Blake, Delacroix et Gustave Doré... Autant d'interprétations de l'enfer, du purgatoire et du paradis que l'on retrouve tout au long des 400 pages de ce superbe ouvrage où l'histoire de l'art rencontre la poésie universelle.

Dans ce bijou, Thoreau nous rappelle que la nature suffit : un chemin gelé, un lac silencieux, et tout s'éclaire. En quelques pages, il transforme l'hiver en miracle discret, une beauté qui apaise et qui recentre. Les sublimes illustrations prolongent cette douceur. 

Un petit livre qui réapprend à regarder.  

L'écrivaine retrace l'enfance et l'adolescence de Jenny, une fille à qui l'on répète depuis toujours que "les femmes ne vont pas en mer". Pourtant, elle ne rêve que de bateaux, d'horizons et d'échappées. Dans ce roman d'apprentissage, l'autrice explore la construction de soi et la manière dont on se forge malgré les interdits. Le récit passe du "je" à "Jenny" comme si la narratrice observait sa propre histoire à distance, et glisse parfois vers une écriture plus expérimentale . Une quête à travers l'Allemagne du 20ème siècle.